Traversées

Traversées


TRAVERSEES
par Céline Baliki - [2007 - 28 minutes]

Le projet « Traversées » fait suite à une expérience vécue il y a un an dans le cadre d’un atelier artistique écriture-danse mené par un écrivain, Ariane Dreyfus et une chorégraphe, Claire Sauvajon. « Dansent les mots, incarnation » a fait se rencontrer l’écriture poétique et le corps en mouvement des enfants, corps parlant, corps écrivant, corps dansant.

Les mots et le corps comme expression d’une intériorité, d’un imaginaire qui emmène au plus prêt et au plus loin de soi.

« Je voudrais écrire pour trouver le sens des mots  », « Je voudrais danser pour que vous regardiez ce que je pense  » Emilie et Mélissa

Ce travail se vit comme une expérience poétique non seulement au niveau de la langue mais aussi et avec évidence au niveau du corps. Il s’agit d’une recherche bien ancienne déjà, qui commence au tout début des temps : la quête de l’unité perdue. Qu’est-ce qu’un corps poétique ? Un corps qui a trouvé sa langue, pourrait-on répondre, ou une langue qui a trouvé son corps…

La rencontre a eu lieu. Les enfants ont cherché les mots dans leur corps et ils y ont trouvé des trésors. Des silences et des rêves enfouis qui surgissent d’un désir, d’une émotion, d’une sensation. Les mots sont à l’écoute. Ils viennent de l’intérieur d’un corps non palpable, de l’insaisissable. D’un mystère.

A gauche.
Je sais me déplier dans moi-même.
Je me replie sur moi-même.
Quand je m’arrête, je sens que je suis entré dans mon corps
Et puis je ressors

Mickaël

Dans le même temps, le corps se transforme. Il devient exigent et refuse mots et mouvements à tout vent. Il dit le monde dans sa tourmente, dans son désir d’être. Il offre sa fragilité et laisse percevoir des horizons de lumière. Le corps et les mots dansent. Sur scène et sur la page. Ensemble.

Il nous a semblé évident, à nous qui regardions les enfants, parents, artistes, enseignants, amis, que ce projet n’était que le premier seuil d’un long chemin qu’il nous fallait poursuivre. Il fallait aller plus loin et nous avons décidé de continuer l’expérience. C’est ainsi que s’est construit le projet « Traversées » que nous avons enrichi de nouveaux espaces, notamment celui d’une ville, Venise. Le voyage est apparu comme essentiel à cette recherche et peu à peu le lieu a pris corps. Déjà à Bobigny, nous sentions la fragilité de Venise qui distillait en nos corps et en nos mots un imaginaire évanescent. Venise n’était pas la thématique du travail, non, mais Venise surgissait en nous, de nous et nous immergeait de ses reflets, de ses rêves, de ces pierres renaissantes.

D’un corps à l’autre, d’un mot à l’autre, d’un lieu à l’autre, il s’agit de tisser des liens, de les faire émerger, de construire des ponts qui permettent aux différents espaces de se rencontrer, de se rejoindre.

Corps de la ville, Venise à travers son architecture, sa matière, sa mémoire, sa peinture, Corps de la langue, des mots qui se projettent sur la page, imaginent, rêvent la ville, se souviennent des corps en voyage,
Corps de la danse, corps en mouvement qui au hasard des ruelles, des places et des musiques habitent, prennent possession d’un lieu qui n’est autre que notre propre corps, que le reflet de nos désirs,

Quelles traces a-t-on laissé de ce passage ?
Quelles traces a-t-on gardé au dedans de soi, de ces mots, de ces danses, de ces images, de ces sensations ?
Du dedans, de l’espace intérieur au dehors, quelles traversées ?

Ces traversées nourries d’exigence et de rigueur nous ont permis de partager un moment de vie intense. En effet, ce projet complexe, entre construction et déconstruction de l’espace, de soi, de l’écriture, entre souvenir et désir, a demandé un engagement absolu de tous les enfants et des adultes investis dans l’aventure.

Atelier Education à l’Image
Périphérie, Centre de Création Cinématographique
Imaginem

Réalisation
Philippe Troyon

Montage
Clémence Carrier

@Périphérie - Imaginem - Collège Pierre Sémard - Chances - 2007