Education à l’image : pour quoi faire ?

Conversation - Les enjeux du regard // proposée par Philippe Troyon


VOIR LE DOCUMENT : LES ENJEUX DU REGARD #1

Cliquer sur l’image

L’équipe de l’Éducation à l’image de Périphérie vous propose en accès libre le premier cahier « Les enjeux du regard ».

Cette nouvelle initiative est née de notre désir de partager des expériences et des réflexions autour de nos pratiques diversifiées d’« Éducation à l’image » , mais aussi et surtout de questionner ce terme même, sa pertinence, d’interroger son « institutionnalisation », sa « disciplinarisation »... en la confrontant à différents regards : des philosophes, des réalisateurs, des critiques de cinéma….

VOIR LE DEBAT

Emmanuel Burdeau, Marie José Mondzain, Jacques Rancière, Philippe Troyon

Nous remercions chaleureusement Marie José Mondzain, Jacques Rancière, Jean-Louis Comolli, Emmanuel Burdeau et Jean-Pierre Daniel pour leur participation à ce premier opus et nous vous proposerons prochainement d’autres numéros qui viendront nourrir la réflexion.


Emmanuel Burdeau :
en partenairiat avec Médiapart et la collaboration de Sophie Dufau

Il est évidemment très difficile, sinon impossible, de parler d’éducation sans parler d’enfance et comme vous le savez il est presque tout aussi difficile de parler de cinéma sans parler d’enfance. Mais l’une des difficultés auxquelles on aura sans doute affaire cet après midi, c’est que l’enfance de l’éducation et l’enfance du cinéma ne sont peut-être pas les mêmes. Il y a toujours une sorte de paradoxe à vouloir éduquer au cinéma alors que le cinéma apparaît très volontiers comme quelque chose à quoi on a affaire à côté de l’éducation, hors de l’école. Beaucoup de scènes de film le montrent, à commencer par celle ou l’on voit le jeune Antoine Doinel dans Les 400 coups sécher les cours pour aller dans le cinéma permanent. Donc il y a cette première difficulté : comment peut-on éduquer à quelque chose qui est plutôt une réponse à l’éducation dans son cadre auto-intitulé ?

Ce que l’on voit aussi c’est que même si le cinéma se tient a priori hors de l’éducation, beaucoup de fictions cinématographiques et beaucoup de ce qui commande notre imaginaire du cinéma passe par la transmission. C’est ce qu’on appelle un peu facilement le passeur. Les fictions cinématographiques et même souvent les théories cinématographiques sont des récits qui ont à voir peut être de manière contournée mais en tout cas de manière décisive avec l’éducation. Comme quoi, éducation et cinéma ont à faire l’un avec l’autre de manière très étroite.
Et puis la troisième question est une question qui se pose aussi à travers l’éducation à l’image : c’est la possibilité de ce qu’on pourrait appeler le mauvais objet. Nous venons de regarder un extrait du début de L’esprit de la ruche, le film de Voctor Erice . La drôlerie et le charme de la scène tiennent au fait que des enfants sont sur le point de voir Frankenstein le film de James Whale. La question qui se pose est de savoir si c’est une bonne idée de leur destiner de telles images, ou si, comme le dit avec bonhomie la personne qui présente le film, ils ne risquent pas d’être horrifiés. Ou peut-être faudrait-il, comme il le dit à la fin de l’extrait, renoncer à prendre le cinéma trop au sérieux ?

Voilà une sorte de cadre à la discussion mais j’aimerais pour commencer revenir à des choses plus terre à terre et demander à Marie José Mondzain et à Jacques Rancière de nous dire deux choses : d’abord de nous raconter par quel cheminement s’est construit leur rapport aux images et au cinéma en particulier, et dans un deuxième temps - et je sais que leurs expériences en la matière ne se recouvrent pas - de nous dire aussi quelles expériences ils ont eues ou continuent d’avoir en tant qu’éducateurs c’est à dire


Que peut l’éducation à l’image au-delà des dispositifs : à l’école, dans les lieux de travail et ailleurs ? Quelle est la singularité du cinéma documentaire dans l’approche du sensible ? Comment créer les conditions du désir, du partage et de l’émancipation de chacun ?

EDUCATION A L’IMAGE : POUR QUOI FAIRE ?
par Philippe Troyon [rapport 1]

Journée de réflexion par Périphérie - Imaginem - Médiapart
avec les philosophes Marie José Mondzain et Jacques Rancière menée par Emmanuel Burdeau, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma et critique de Cinéma à Médiapart. [Jean-Louis Comolli, très souffrant s’est excusé].
Vendredi 13 Juin 2014 - Festival Côté court - Pantin

Marie Josée Mondzain

Jacques Rancière

Jean Louis Comolli


Cette après-midi consacrée à la question de l’éducation à l’image posée par Périphérie au coeur du festival Côté court de Pantin, s’est très bien déroulée. Salle comble [180 personnes !]

C’est un vendredi 13 qui a porté "chance". Le public a été au rendez-vous, puisqu’il y a eu plus de 200 personnes qui sont venus partager ce moment de réflexion, l’exposition et la projection du film de Jean Rouch..

Il s’agissait bien de partager et non de revendiquer. A l’heure où on place l’image au centre de notre langage social, de notre système éducatif, il est temps de se re-poser la question de la façon de l’utiliser, de la vivre, de l’exploiter. Beaucoup de dérives ont accompagné l’éclatement exponentiel des représentations et des captations audiovisuelles dans le monde. L’équipe de Périphérie a décidé de décaler, de proposer ce "temps de pause" dans cette frénésie d’images et de sons, dans ce mimétisme et ce systèmatisme permanent engendré essentiellement par le rythme dit "scolaire"… ou des saisons. Surtout dans ce qui est dénommé maladroitement : éducation à l’image. L’expression est à la fois démodée, générique et non syntaxique. Au delà de cela, on voit bien que se creuse insidieusement un fossé entre ceux qui travaillent avec les images et les sons et ceux qui les interprètent et les utilisent comme une matière scolaire…

A Périphérie, l’éducation à l’image qui est très liée à nos métiers de cinéma, se rapproche plutôt d’une démarche philosophique. Au delà des pratiques et des savoirs, [de l’agir et du faire] répondant à des sollicitations très variées tant par leur forme que leur contenu, [au cœur du milieu scolaire ou du milieu du travail] nous tentons de sortir de certains « systèmes », en ré interrogeant collectivement nos propres pratiques, nos connaissances, inventant des passerelles entre le singulier et le pluriel, dans le souci de l’émancipation, de la créativité et de la mémoire.

Nous sommes plutôt du côté du buissonnier, du risque, de l’émerveillement, du reflux, du maillage, de l’imparfait plutôt que du parfait, du pratique, du mimétisme, du flux, de l’épandage. C’est un peu l’essence de notre métier de saltimbanque organisé que nous voulons partager. Nous avons initié quelques concepts intéressants que je vous suggère de voir dans notre petite installation dans ce hall ou sur notre site : ateliers, observatoires documentaires, cellulogrammes…


Il y avait quatre moments :


"CONVERSATION"
avec les philosophes Marie José Mondzain et Jacques Rancière menée par Emmanuel Burdeau, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma et critique de Cinéma à Médiapart. [Jean-Louis Comolli, très souffrant s’est excusé].


"EXPOSITION"
Quatre totems audio-visuels et des cartels explicatifs ont relatés divers travaux pédagogiques menés par l’équipe de l’éducation à l’image de Périphérie.
Les Ateliers - Les Observatoires documentaires - Les Cellulogrammes


"LIBRAIRIE"
La Librairie "La Malle aux Histoires" située a Pantin, a proposée dans le cinéma, une sélection de différents ouvrages, écrits par nos invités : Jacques Rancière, Marie Josée Mondzain, Jean-Louis Comolli.


"LA PYRAMIDE HUMAINE"
Film de Jean Rouch de 1959, qui a conclu cette demie journée, dans une esprit d’ouverture, de partage et de philosophie sociale.


Remerciements spéciaux :
Marie José Mondzain - Jean-Louis Comolli - Jacques Rancière - Emmanuel Burdeau

Périphérie - Médiapart - Imaginem - Laps
Jaky Evrard - Librairie La Malle aux histoires - GNCR

L’équipe de l’éducation à l’image de Périphérie :

Julien Pornet - Béatrice Guyot - Antoine Vaton - Corentin Loterie
et
Olga Nuevo Roa - Maud Pavé


Philippe Troyon avec Jacques Rancière
lors de la conversation « L’éducation à l’image : pour quoi faire ? »
Emancipation ... susciter une capacité ... vivre avec les images, la possibilité de plus de vie ... droit à la jouissance ...[jouer]. Un écart par rapport à une fonction.
[L’inconscient esthétique - Le maitre ignorant - Le destin des images - L’espace des mots ...]
Conversation avec Marie José Mondzain et Emmanuel Burdeau bientôt retranscrite et en vidéo sur Imaginem et Médiapart.
"Pour voir ensemble, il faut parler ... » Marie José Mondzain ou l’augmentation du voir et des mots.


Cellulogrammes : image textuelleQu’est ce qu’un cellulogramme ?
« Cellulogrammes [cellulaires – grammes] » > Un cellulogramme est un petit film en plan séquence d’une minute accompagné d’un texte poétique.

"A peine ai-je les yeux ouverts
Que nos regards se croisent
Etrange bonheur d’un homme rencontré
Ton regard m’a semblé différent »
Jessy - 3 ème.Collège Marcel Cachin - Drancy